Philippe Buschini Posts

HackAtari ou l’histoire d’un test tout simple… qui met à genoux les IA les plus sophistiquées.

Elles dominaient les jeux vidéo. Affichaient des performances surhumaines. Et puis, un jour, on a rendu les jeux plus faciles. Résultat ? Elles se sont effondrées.

Pourquoi ? Parce qu’elles n’avaient jamais compris ce qu’elles faisaient.

Et c’est là que tout bascule.

Dans une étude aussi brillante que dérangeante, Quentin Delfosse et son équipe lèvent le voile sur une illusion d’intelligence : celle de systèmes qui excellent… tant qu’on ne change rien.

Ils ont imaginé HackAtari, un test malin basé sur des versions simplifiées de jeux Atari. Un test qui, au lieu de compliquer les tâches, les rend plus simples et pourtant, il révèle une faille béante. Car quand on enlève les obstacles, les IA trébuchent. Là où un humain s’adapte et comprend, la machine s’effondre.

Ce que HackAtari nous dit ? Qu’une IA peut briller à l’examen, sans jamais en comprendre le sens. Qu’elle peut répéter, optimiser, corréler… sans jamais raisonner.

Et si nos IA étaient, en réalité, de très bons élèves… qui récitent sans comprendre ?

👉 Ce n’est pas un test de performance, mais un test de vérité. Un test qui mesure non pas ce qu’une IA fait, mais ce qu’elle comprend. Et qui pose, en creux, cette question dérangeante : nos IA comprennent-elles vraiment ce qu’elles font ?

OPINION

📌 Billet d’humeur du vendredi 📌

Et si le plus grand mensonge du bureau moderne tenait en un mot ?

Non, pas “synergie”. Ni “agilité”. Encore moins “co-construction” ou « production ».
Le vrai poison est plus doux. Il sent la lavande, il se dit avec un sourire, il trône fièrement sur les slides RH.

Il s’appelle HAPPINESS.

Bienvenue dans l’entreprise du XXIe siècle, où l’on ne te demande plus de penser, encore moins de produire. On te demande d’être aligné, centré, inspiré… pendant que tu croules sous quatre projets, trois réunions inutiles et un “point bienveillant” avec ton manager agile qui ne lit pas tes mails, trop occupé à peaufiner son jardin japonais intérieur entre deux slides sur la synergie empathique.

Dans ce monde-là, la compétence est une anomalie qu’il faut corriger. Le travail bien fait, un archaïsme réactionnaire.

Ce qui compte, c’est ton SMILE RATE en open space, ta zenitude observable à 360°, et ton art consommé de la novlangue managériale, celle qui te fait dire “alignement stratégique” quand tu penses “foutoir généralisé”.

Tu croyais bosser dans une boîte ?

Non. Tu évolues dans une fiction émotionnelle à visée thérapeutique, avec budget contraint, indicateurs flous, jus détox tièdes, et coach en respiration collective tous les mercredis.

#EntrepriseZen #BullshitBienveillant #SmileyOrDie #BienveillanceObligatoire

BILLET D'HUMEUR

Pendant que les enfants chinois de 6 ans apprennent à entraîner des modèles d’IA pour reconnaître les insectes de leur jardin, les petits Français du même âge découvrent… comment ouvrir un traitement de texte.

Ce décalage n’est pas un détail. C’est le symptôme d’un gouffre stratégique qui se creuse sous nos yeux.

D’un côté, la Chine déploie un plan d’une ambition saisissante : 12 années d’apprentissage progressif de l’IA pour transformer chaque citoyen en « natif numérique ». Résultat ? Elle produit déjà 50% des meilleurs chercheurs en IA mondiale contre 18% pour les États-Unis.

De l’autre, la France vient de trancher « pour de bon » après… 4 mois de consultation qui ont mobilisé 500 contributions. Sur 1,2 million de personnes dans l’Éducation nationale. Soit 0,04% de la communauté éducative.

Le verdict hexagonal ? L’IA sera autorisée à partir de la 4ème uniquement, avec une formation obligatoire de 30 minutes à 1h30 maximum pour maîtriser les « bases du prompting ». Entre deux rappels sur la consommation d’eau des serveurs.

Pendant que Pékin forme des cohortes entières d’enfants qui grandiront avec l’IA comme compagnon naturel, Paris organise des consultations et propose des micro-modules d’une heure et demie.

Dans 10 ans, devinez qui maîtrisera vraiment cette technologie qui redéfinit déjà les équilibres de puissance mondiaux ?

L’histoire nous jugera peut-être sur notre capacité à transformer une révolution technologique… en réforme administrative.

OPINION

📌 Billet d’humeur du vendredi 📌

💡 Transparence en entreprise ? Non mais franchement, qui y croit encore ?

Chaque année, c’est le même manège : 247 pages de jargon bien lisse, un PDF introuvable sur le site, et des graphiques aux couleurs pastel pour nous expliquer que tout va très bien, madame la Marquise.

Tout le monde est heureux, aligné, inspiré, épanoui… enfin, sauf ceux qu’on n’a pas encore envoyés dans une “cellule de réalignement culturel” entre le baby-foot et la salle de méditation. Mais bon, ça ne rentre pas dans l’infographie.

👉 Dans le monde merveilleux du bullshit corporate, la transparence, c’est devenu un art. Une chorégraphie millimétrée entre storytelling managérial, camemberts émotionnels et coachs qui vous expliquent la vie… sans jamais l’avoir vécue autrement qu’en keynote.

J’ai écrit ce petit billet d’humeur sur le sujet.
Spoiler : je n’y parle pas de la machine à café. Quoique.

#TransparenceLowCost #RHdeVitrine #BullshitCoin #StorytellingDeGala

BILLET D'HUMEUR

« Cette IA écrit mieux que moi ! »

J’entends cette phrase au moins trois fois par semaine. Dans la bouche d’un directeur marketing ébloui par ChatGPT. D’une graphiste fascinée par Midjourney. D’un étudiant qui vient de découvrir qu’une machine peut résoudre ses exercices de maths en quelques secondes.

Et à chaque fois, je me dis : nous venons de franchir une ligne invisible.

Pas celle de la performance technique, ça, c’est juste de l’informatique qui fait ce qu’elle sait faire depuis toujours : calculer vite et bien. Non, nous venons de franchir la ligne de notre propre dévaluation. Celle où nous commençons à douter de nos capacités les plus humaines : penser, créer, décider.

En tant que mathématicien qui travaille quotidiennement avec l’IA, je vois se construire sous nos yeux trois grands récits mythologiques. Trois histoires séduisantes qui nous font progressivement abandonner quelque chose de précieux : notre autonomie intellectuelle.

Le problème n’est pas que l’IA soit trop performante. C’est que nous devenons trop crédules.

Dans les lignes qui suivent, je vous propose de décortiquer ensemble ces trois mythes qui redessinent silencieusement les frontières de notre humanité. Parce qu’avant de savoir ce que l’IA peut faire, il serait temps de se rappeler ce que nous, nous ne voulons pas perdre.

Prêt pour un petit exercice de lucidité collective ?

OPINION