344 fois par jour. C’est le nombre moyen de fois où un adulte consulte son téléphone, selon la BBC. Toutes les quatre minutes. Même la nuit, même sans raison, même sans notification.
Dans les forêts tropicales, il existe une fourmi qui grimpe sur une feuille, s’y fixe et meurt. Un champignon a pris le contrôle de son système nerveux pour mieux propager ses spores. Les biologistes appellent ça une infection parasitaire. Les poètes diraient : une dépossession du vivant.
Ce champignon a mis des millions d’années à perfectionner sa stratégie. Nos smartphones, eux, n’ont eu besoin que d’une décennie. Le parasite biologique force son hôte. Le parasite numérique, lui, a convaincu son hôte qu’il ne pouvait plus vivre sans lui.
Ce parallèle entre parasitisme biologique et colonisation numérique n’est pas une simple métaphore. C’est un mode opératoire. Les mêmes mécanismes, la même précision, le même résultat : un hôte qui travaille pour son parasite en croyant agir librement.
Alors la vraie question n’est peut-être pas : sommes-nous accros à nos écrans ? Mais à quel moment avons-nous cessé d’être les maîtres pour devenir l’hôte ?