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Et si l’arrivée de l’IA en médecine ne sonnait pas la fin des médecins, mais le début d’une nouvelle ère du soin ?

Depuis Hippocrate, le médecin tire sa légitimité de son savoir. Or, pour la première fois dans l’histoire moderne, il n’est plus forcément celui qui en sait le plus. Les IA diagnostiquent plus vite, voient ce que l’œil humain ne peut saisir, et parfois même rédigent des réponses que les patients jugent plus rassurantes que celles d’un professionnel.

Alors, faut-il craindre la disparition du médecin ? Ou repenser sa place, son rôle, sa valeur ajoutée dans un monde où l’expertise se partage entre humain et machine ?

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La semaine dernière je parlais d’un point souvent mal compris : pour les IA, la vérité n’existe pas.

Aujourd’hui, je pousse le raisonnement un cran plus loin. Car il y a un malentendu encore plus ancré : croire qu’un LLM est une base de connaissance. Ce n’est pas le cas. Un modèle de langage génère des suites de mots probables, pas des faits vérifiés. Autrement dit, il récite avec aisance, mais il ne cite jamais.

C’est exactement ce que je développe dans mon nouvel article : pourquoi cette confusion persiste, et comment distinguer une mémoire paramétrique d’une mémoire explicite, pour enfin marier correctement les deux.

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Une IA ne ment pas. Elle ne dit pas non plus la vérité. Elle ne sait pas ce qui est vrai ou ce sui est faux, elle calcule des probabilités. Son « raisonnement » se résume à deviner quel mot a le plus de chances de suivre le précédent, selon les milliards de phrases qu’on lui a montrées.

Le résultat peut être bluffant : fluide, élégant, convaincant. Mais cette aisance n’est qu’une illusion. Ce que nous lisons n’est pas un savoir vérifié, c’est une suite de mots qui « tombent bien ». Parfois juste, parfois faux, parfois ni l’un ni l’autre.

Le vrai danger n’est donc pas l’IA elle-même, mais notre réflexe humain : confondre cohérence et vérité. Autrement dit, prendre des vessies pour des lanternes. C’est ce glissement subtil, presque imperceptible, qui ouvre la porte à la confusion par ignorance de son fonctionnement, et par excès de confiance dans ce qui « sonne juste ».

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Ras-le-bol des discours nappés de storytelling sirupeux, qui transforment un moteur statistique en philosophe des Lumières. Ras-le-bol de ces nouveaux “gourous” de l’IA, fraîchement convertis, qui confondent produire des phrases fluides et construire une pensée.

On voudrait nous faire croire qu’un LLM médite comme un vieux sage sous un bonsaï, alors qu’il ne fait que brasser des milliards de morceaux de phrases, comme un shaker secoué à toute vitesse. On le pare de sagacité alors qu’il n’est qu’un habile perroquet stochastique, capable d’imiter l’intonation mais incapable de saisir le sens profond de ses propres mots.

ALORS DÉFINITIVEMENT NON, UN LLM NE RÉFLÉCHIT PAS.

Et continuer à prétendre le contraire, c’est avouer qu’on ne sait pas comment cela fonctionne réellement.

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Exceptionnellement, je ne parlerai pas d’intelligence artificielle. Pas de robots, pas d’algorithmes, pas de ChatGPT. Juste de nous. De ce phénomène silencieux qui traverse nos hôpitaux, nos écoles, nos ateliers, nos labos. Cette semaine, j’évoque l’effacement progressif d’une classe discrète mais essentielle : celle des fourmis. Celles qui tiennent le monde debout pendant que d’autres dansent sur les ruines. La Fontaine avait écrit La Cigale et la Fourmi. Aujourd’hui, il écrirait peut-être Les Fourmis chassées par les Cigales.

La cigale et la fourmi, saison finale.

Oubliez La Fontaine. Sa fable ne tient plus.
Dans le monde d’aujourd’hui, ce n’est plus la cigale qui se retrouve fort dépourvue quand la bise fut venue. Non, elle exige un droit au chauffage, une indemnité “climatique” et une reconnaissance émotionnelle pour ses hivers difficiles.
Et la fourmi ? Elle n’a plus le temps de répondre. Elle bosse. Enfin… elle bossait.

Notre époque a changé les rôles : la cigale est devenue influenceuse à plein temps, militante de tous les instants, experte en tout, sauf en effort.
La fourmi, elle, s’efface. Éreintée, méprisée, invisible. Elle ne manifeste pas, elle ne crie pas. Elle disparaît. Calmement. Définitivement.

Et pendant que les cigales scrollent, postent et s’indignent à la vitesse de la 5G, les piliers du réel s’effondrent sans bruit.

Un jour, quand la lumière ne s’allumera plus, qu’il n’y aura plus de profs, plus de médecins, plus d’artisans pour réparer les fuites, une voix paniquée demandera :
« Où sont passées les fourmis ? »

Spoiler : elles ne reviennent pas. Elles ont compris. Et elles ont tiré leur révérence.

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