Philippe Buschini Posts

Une IA ne ment pas. Elle ne dit pas non plus la vérité. Elle ne sait pas ce qui est vrai ou ce sui est faux, elle calcule des probabilités. Son « raisonnement » se résume à deviner quel mot a le plus de chances de suivre le précédent, selon les milliards de phrases qu’on lui a montrées.

Le résultat peut être bluffant : fluide, élégant, convaincant. Mais cette aisance n’est qu’une illusion. Ce que nous lisons n’est pas un savoir vérifié, c’est une suite de mots qui « tombent bien ». Parfois juste, parfois faux, parfois ni l’un ni l’autre.

Le vrai danger n’est donc pas l’IA elle-même, mais notre réflexe humain : confondre cohérence et vérité. Autrement dit, prendre des vessies pour des lanternes. C’est ce glissement subtil, presque imperceptible, qui ouvre la porte à la confusion par ignorance de son fonctionnement, et par excès de confiance dans ce qui « sonne juste ».

OPINION

📌 Billet d’humeur du vendredi 📌

RÉVÉLATION : J’ai découvert le Saint-Graal de l’Éco-Responsabilité Disruptive

Mes amis, nous vivons une époque MAGIQUE.

Je viens de voir une société qui vient de recevoir le label « Entreprise Climatiquement Transcendée » parce qu’elle a remplacé les gobelets en plastique par… des gobelets en carton recyclé … importés du Japon. En avion. Dans des emballages plastiques.

Mais attendez, ça devient GÉNIAL :

Le « Chief Happiness & Carbon Offset Officer » (oui, c’est un vrai titre) m’explique que l’imprimante 3D qui tourne H24 est maintenant « neutre carbone » grâce à un « Partenariat d’Impact Symbiotique » avec un fermier bolivien qui a promis de ne PAS couper un arbre.

Lequel ? On sait pas. Où ? Secret industriel.

Et le pompon : une prochaine réunion de 47 personnes se déroulera à Dubaï pour parler « Sobriété Numérique » elle sera compensée par l’achat de « 3,7 mètres carrés de bienveillance forestière » en Amazonie. Via une une app mobile, bien sûr.

BILLET D'HUMEUR

Ras-le-bol des discours nappés de storytelling sirupeux, qui transforment un moteur statistique en philosophe des Lumières. Ras-le-bol de ces nouveaux “gourous” de l’IA, fraîchement convertis, qui confondent produire des phrases fluides et construire une pensée.

On voudrait nous faire croire qu’un LLM médite comme un vieux sage sous un bonsaï, alors qu’il ne fait que brasser des milliards de morceaux de phrases, comme un shaker secoué à toute vitesse. On le pare de sagacité alors qu’il n’est qu’un habile perroquet stochastique, capable d’imiter l’intonation mais incapable de saisir le sens profond de ses propres mots.

ALORS DÉFINITIVEMENT NON, UN LLM NE RÉFLÉCHIT PAS.

Et continuer à prétendre le contraire, c’est avouer qu’on ne sait pas comment cela fonctionne réellement.

OPINION

« Il avait tout : un site responsive, une charte graphique couleur lavande, et une bio écrite en Figma. Et pourtant… il s’est fait ghoster plus vite qu’un stagiaire en fin de période d’essai. »

À 23h12, pendant que vous dormez paisiblement, un inconnu Googlera votre nom. Et là, tout peut s’effondrer. Pas à cause de votre travail… À cause de votre profil Viadeo oublié de 2013 où vous vous disiez “expert en synergies transversales”.

Bienvenue dans le monde merveilleux de la crédibilité numérique passive-agressive, où un silence en ligne est plus suspect qu’un chat qui fait la vaisselle.

Parce que ce n’est pas votre site qui fait vendre. C’est votre trace. Même bancale. Surtout bancale.

BILLET D'HUMEUR

La semaine dernière, je vous parlais des fourmis, ces êtres discrets qui tiennent le monde debout pendant que d’autres paradent sur scène. Cette semaine encore, je ne parlerai pas d’intelligence artificielle, de robots, d’algorithmes ou d’IA génératives …

Aujourd’hui encore, je reste dans cette veine très humaine, très intime. Encore de nous. Toujours de nous. Parce qu’avant de comprendre ce que les machines font à notre pensée, il faut peut-être d’abord comprendre ce que nous avons fait à notre propre capacité de penser.

Cette fois, je vous emmène dans un territoire plus subtil, plus troublant : celui de notre rapport à nos propres idées. Un glissement silencieux qui nous concerne tous, connectés ou pas, technophiles ou technophobes.

Promis, dès la semaine prochaine, je reprends mon cycle « L’IA dans tous ses états ». Mais pour l’instant, laissez-moi encore vous parler de cette chose étrange qui nous arrive quand nous cessons d’habiter nos propres questions…

Vous tapez une question dans votre moteur de recherche. En 0,3 seconde, vous avez votre réponse. Satisfaisant, non ?

Pourtant … quelque chose d’étrange se passe. Cette facilité déconcertante cache peut-être une transformation plus profonde de notre rapport à la pensée.

Il fut un temps où chercher, c’était déjà un acte. Où ne pas savoir immédiatement n’était pas un problème à résoudre, mais un espace à habiter. Aujourd’hui, nous glissons d’une réponse à l’autre, d’un contenu pré-mâché au suivant. Nous validons plus que nous ne choisissons. Nous appliquons plus que nous ne comprenons.

Mais que se passe-t-il quand penser devient optionnel ? Entre l’efficacité séduisante de nos outils et notre ancienne habitude de réfléchir par nous-mêmes, un glissement silencieux s’opère. Pas brutal, pas visible. Juste… confortable.

La question n’est pas de savoir si la technologie est bonne ou mauvaise. Elle est ailleurs, plus intime : reconnaissons-nous encore notre propre voix quand nous pensons ?

BILLET D'HUMEUR