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Suite à mon article « Ai-je quelque chose à cacher » ( https://www.buschini.com/de-toute-facon-je-nai-rien-a-cacher/ ) , les questions reçues m’ont poussé à prolonger la réflexion. Ce texte explore les dimensions philosophiques et existentielles de notre étrange acceptation à livrer notre intimité, parfois avec résignation, parfois avec insouciance.

Nous croyons naviguer libres, mais nous avançons dans un étrange bestiaire de mythes revisités. Comme Narcisse, nous nous penchons sur le miroir numérique, fascinés par un reflet qui finit par nous engloutir. Comme Sisyphe, nous portons le fardeau d’une mémoire sans oubli : chaque donnée s’ajoute au rocher qui nous écrase sans jamais redescendre. Comme Prométhée, nous offrons nos traces à un système qui se repaît de nous sans fin. Comme dans le Panoptique, nous vivons sous un regard invisible, mais pire encore : nous avons appris à l’anticiper, devenant nos propres geôliers.

Nous ne perdons pas seulement des données, nous perdons des dimensions essentielles de l’humain : l’intériorité qui permet de penser sans témoin, l’oubli qui rend possible la renaissance, l’autonomie d’être soi, l’hétéronomie d’être plusieurs.

La servitude numérique n’a pas besoin de chaînes, elle s’impose par la fluidité, la séduction, l’habitude. Alors la vraie question n’est plus : « ai-je quelque chose à cacher ? », mais : « combien de temps encore resterai-je capable de préserver ce qui fait de moi un être libre ? »

OPINION

Et si l’arrivée de l’IA en médecine ne sonnait pas la fin des médecins, mais le début d’une nouvelle ère du soin ?

Depuis Hippocrate, le médecin tire sa légitimité de son savoir. Or, pour la première fois dans l’histoire moderne, il n’est plus forcément celui qui en sait le plus. Les IA diagnostiquent plus vite, voient ce que l’œil humain ne peut saisir, et parfois même rédigent des réponses que les patients jugent plus rassurantes que celles d’un professionnel.

Alors, faut-il craindre la disparition du médecin ? Ou repenser sa place, son rôle, sa valeur ajoutée dans un monde où l’expertise se partage entre humain et machine ?

OPINION

La semaine dernière je parlais d’un point souvent mal compris : pour les IA, la vérité n’existe pas.

Aujourd’hui, je pousse le raisonnement un cran plus loin. Car il y a un malentendu encore plus ancré : croire qu’un LLM est une base de connaissance. Ce n’est pas le cas. Un modèle de langage génère des suites de mots probables, pas des faits vérifiés. Autrement dit, il récite avec aisance, mais il ne cite jamais.

C’est exactement ce que je développe dans mon nouvel article : pourquoi cette confusion persiste, et comment distinguer une mémoire paramétrique d’une mémoire explicite, pour enfin marier correctement les deux.

OPINION

Une IA ne ment pas. Elle ne dit pas non plus la vérité. Elle ne sait pas ce qui est vrai ou ce sui est faux, elle calcule des probabilités. Son « raisonnement » se résume à deviner quel mot a le plus de chances de suivre le précédent, selon les milliards de phrases qu’on lui a montrées.

Le résultat peut être bluffant : fluide, élégant, convaincant. Mais cette aisance n’est qu’une illusion. Ce que nous lisons n’est pas un savoir vérifié, c’est une suite de mots qui « tombent bien ». Parfois juste, parfois faux, parfois ni l’un ni l’autre.

Le vrai danger n’est donc pas l’IA elle-même, mais notre réflexe humain : confondre cohérence et vérité. Autrement dit, prendre des vessies pour des lanternes. C’est ce glissement subtil, presque imperceptible, qui ouvre la porte à la confusion par ignorance de son fonctionnement, et par excès de confiance dans ce qui « sonne juste ».

OPINION

Ras-le-bol des discours nappés de storytelling sirupeux, qui transforment un moteur statistique en philosophe des Lumières. Ras-le-bol de ces nouveaux “gourous” de l’IA, fraîchement convertis, qui confondent produire des phrases fluides et construire une pensée.

On voudrait nous faire croire qu’un LLM médite comme un vieux sage sous un bonsaï, alors qu’il ne fait que brasser des milliards de morceaux de phrases, comme un shaker secoué à toute vitesse. On le pare de sagacité alors qu’il n’est qu’un habile perroquet stochastique, capable d’imiter l’intonation mais incapable de saisir le sens profond de ses propres mots.

ALORS DÉFINITIVEMENT NON, UN LLM NE RÉFLÉCHIT PAS.

Et continuer à prétendre le contraire, c’est avouer qu’on ne sait pas comment cela fonctionne réellement.

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