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344 fois par jour. C’est le nombre moyen de fois où un adulte consulte son téléphone, selon la BBC. Toutes les quatre minutes. Même la nuit, même sans raison, même sans notification.

Dans les forêts tropicales, il existe une fourmi qui grimpe sur une feuille, s’y fixe et meurt. Un champignon a pris le contrôle de son système nerveux pour mieux propager ses spores. Les biologistes appellent ça une infection parasitaire. Les poètes diraient : une dépossession du vivant.

Ce champignon a mis des millions d’années à perfectionner sa stratégie. Nos smartphones, eux, n’ont eu besoin que d’une décennie. Le parasite biologique force son hôte. Le parasite numérique, lui, a convaincu son hôte qu’il ne pouvait plus vivre sans lui.

Ce parallèle entre parasitisme biologique et colonisation numérique n’est pas une simple métaphore. C’est un mode opératoire. Les mêmes mécanismes, la même précision, le même résultat : un hôte qui travaille pour son parasite en croyant agir librement.

Alors la vraie question n’est peut-être pas : sommes-nous accros à nos écrans ? Mais à quel moment avons-nous cessé d’être les maîtres pour devenir l’hôte ?

OPINION

Voici le troisième et dernier volet de ma saga sur la confidentialité de nos données. Après avoir exploré nos propres renoncements et l’illusion de la transparence volontaire, il est temps de poser la question la plus dérangeante de toutes :

Que laissons-nous à nos enfants ? Non pas en héritage matériel, mais en héritage de regard.

Car ils naissent dans un monde où l’intime s’efface avant même d’avoir existé, où la surveillance se pare des habits du jeu, où la liberté se confond avec la connexion permanente. Ce qui fut pour nous une perte est pour eux une évidence. Là où nous voyons une atteinte à la vie privée, ils voient simplement la vie.

Cet article interroge ce glissement silencieux : comment transmettre la liberté intérieure à une génération qui n’a jamais connu le secret ? Comment enseigner la profondeur à ceux qu’on a habitués à l’exposition ? Et surtout, que restera-t-il de la liberté, si nous oublions de la leur apprendre ?

OPINION

La semaine dernière je parlais d’un point souvent mal compris : pour les IA, la vérité n’existe pas.

Aujourd’hui, je pousse le raisonnement un cran plus loin. Car il y a un malentendu encore plus ancré : croire qu’un LLM est une base de connaissance. Ce n’est pas le cas. Un modèle de langage génère des suites de mots probables, pas des faits vérifiés. Autrement dit, il récite avec aisance, mais il ne cite jamais.

C’est exactement ce que je développe dans mon nouvel article : pourquoi cette confusion persiste, et comment distinguer une mémoire paramétrique d’une mémoire explicite, pour enfin marier correctement les deux.

OPINION

On a tellement repeint le mot bienveillance de couleurs pastel qu’il en est devenu méconnaissable.
Aujourd’hui, il sert plus souvent de paravent que de valeur : un cache-misère pour justifier l’inaction, la mollesse, voire la lâcheté.

Dire NON est devenu suspect, recadrer est perçu comme toxique, exiger est considéré comme violent. Résultat, on applaudit des copies vides, on salue le néant comme une victoire, et on appelle ça de la bienveillance.

Mais si protéger, aimer, éduquer, travailler ensemble signifient encore quelque chose, alors il est temps de se rappeler que la vraie bienveillance ne caresse pas toujours dans le sens du poil. Elle protège en étant lucide, elle construit en étant exigeante.

BILLET D'HUMEUR

Une IA ne ment pas. Elle ne dit pas non plus la vérité. Elle ne sait pas ce qui est vrai ou ce sui est faux, elle calcule des probabilités. Son « raisonnement » se résume à deviner quel mot a le plus de chances de suivre le précédent, selon les milliards de phrases qu’on lui a montrées.

Le résultat peut être bluffant : fluide, élégant, convaincant. Mais cette aisance n’est qu’une illusion. Ce que nous lisons n’est pas un savoir vérifié, c’est une suite de mots qui « tombent bien ». Parfois juste, parfois faux, parfois ni l’un ni l’autre.

Le vrai danger n’est donc pas l’IA elle-même, mais notre réflexe humain : confondre cohérence et vérité. Autrement dit, prendre des vessies pour des lanternes. C’est ce glissement subtil, presque imperceptible, qui ouvre la porte à la confusion par ignorance de son fonctionnement, et par excès de confiance dans ce qui « sonne juste ».

OPINION