De la navette du tisserand à l’intelligence artificielle

Il y a quelque chose de fascinant à observer l’histoire se répéter sous nos yeux. Pas exactement à l’identique, bien sûr, mais avec ces échos troublants qui donnent l’impression d’un éternel recommencement. Comme si le temps n’était pas cette ligne droite que nous imaginons, mais plutôt une spirale qui nous ramène aux mêmes questionnements sous des formes nouvelles. En parcourant les archives de la révolution industrielle ces derniers mois, je n’ai pu m’empêcher de voir dans les réactions face à l’intelligence artificielle aujourd’hui un miroir de ce qui s’est joué il y a près de trois siècles autour des métiers à tisser.

Prenons un moment pour nous transporter en 1733. John Kay, tisserand et inventeur anglais, met au point la navette volante. L’idée peut sembler anodine aujourd’hui, mais elle révolutionne littéralement le monde du textile. Jusqu’alors, pour tisser des étoffes larges, il fallait deux personnes : une de chaque côté du métier pour se passer la navette de main en main. Avec l’invention de Kay, un mécanisme simple permet à un seul ouvrier de faire « voler » la navette d’un bout à l’autre du métier d’un simple geste.

Le résultat est spectaculaire. Non seulement la production s’accélère considérablement, mais on peut désormais tisser des pièces beaucoup plus larges qu’auparavant. Les premiers ateliers à adopter cette innovation voient leur productivité bondir. Certains propriétaires d’ateliers s’enrichissent rapidement, profitant de cet avantage concurrentiel.

Mais très vite, une question lancinante émerge dans les communautés de tisserands : si un seul homme peut faire le travail de deux, que vont devenir tous ces artisans dont on n’aura plus besoin ? Cette inquiétude, d’abord murmurée dans les ateliers, finit par se propager dans toute la profession.

La peur du remplacement est un sentiment vieux comme… l’innovation

Les réactions ne tardent pas à se manifester. Dès septembre 1733, soit seulement quelques mois après l’invention, les tisserands de Colchester « étaient si inquiets pour leurs moyens de subsistance qu’ils adressèrent une pétition au roi pour qu’il arrête les inventions de Kay ». Cette pétition adressée au roi George II révèle l’ampleur de leurs craintes face à cette innovation.

Les tisserands ne craignaient pas seulement de perdre leur emploi – ils voyaient dans cette invention une menace existentielle. Ils « l’accusèrent de vouloir leur retirer leur pain », expression qui témoigne de la violence de leurs inquiétudes. Être tisserand, c’était maîtriser un savoir-faire transmis de père en fils, c’était appartenir à une communauté, avoir une place dans la société.

Car toucher à un métier, c’est toucher à l’être même. Nous ne faisons pas seulement un travail, nous sommes par lui. Quand cette identité vacille, c’est toute la question du sens qui surgit : qui suis-je si mes gestes n’ont plus de valeur ? Que devient l’homme quand ses compétences se muent en obsolescence ?

L’hostilité fut telle que Kay dut quitter Colchester pour Leeds, puis revenir à Bury. En 1753, « une véritable émeute éclata, la foule entra dans sa maison et la saccagea ». L’inventeur dut s’enfuir, caché dans un sac de laine selon la légende, avant de s’exiler définitivement en France.

Aujourd’hui, quand un avocat découvre qu’une IA peut analyser des contrats plus rapidement que lui, quand un enseignant réalise qu’un programme peut corriger des copies et même proposer des exercices personnalisés, quand un médecin voit un algorithme poser des diagnostics avec une précision troublante, n’éprouvent-ils pas le même vertige ? Cette sensation que leur expertise, patiemment construite au fil des années d’études et d’expérience, pourrait devenir obsolète du jour au lendemain.

Ce n’est plus seulement la force physique ou l’habileté manuelle qui sont en jeu, comme c’était le cas avec la navette volante. C’est l’intelligence même, ou du moins ce qui en a l’apparence. Ces professionnels voient des machines accomplir en quelques secondes ce qui leur demandait des heures de réflexion, d’analyse, de recoupements. Le trouble est d’autant plus profond qu’il touche à l’essence même de leur identité professionnelle.

Ce vertige personnel, multiplié par des millions d’individus, finit par se cristalliser en inquiétude collective. Et comme leurs prédécesseurs tisserands, ces professionnels d’aujourd’hui ne restent pas silencieux face à ce qui les dépasse. Car au fond, la résistance d’hier comme d’aujourd’hui exprime souvent la même chose : une demande de régulation, un appel à ne pas laisser la technologie dicter seule nos choix de société. Les tisserands réclamaient des protections, du temps pour s’adapter. N’est-ce pas exactement ce que demandent aujourd’hui ceux qui appellent à ralentir le développement de l’IA, le temps de comprendre ses implications ?

Ces inquiétudes sont légitimes. Elles témoignent d’une sagesse collective qui nous invite à la prudence. Et pourtant, en observant de plus près nos comportements face à l’IA, une différence troublante émerge avec l’histoire que nous venons de raconter.

Mais voici où le parallèle révèle sa complexité troublante : contrairement aux tisserands de 1733 qui résistaient farouchement, nous adoptons l’IA avec empressement. Nous l’invitons dans nos bureaux, nos maisons, nos poches. Cette différence n’est pas anodine. Elle révèle quelque chose de plus subtil et peut-être de plus inquiétant : une forme de soumission librement consentie.

Car là où nos prédécesseurs voyaient clairement la menace et s’y opposaient, nous percevons surtout la promesse. L’IA nous séduit par sa facilité, nous charme par son efficacité. Elle ne s’impose pas, elle se propose. Et c’est précisément ce qui la rend si puissante.

Le philosophe hispano-américain George Santayana disait : « Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter. » L’histoire nous enseigne et nous renseigne, mais nous avons tendance à oublier ses enseignements les plus précieux. Pourtant, si nous prenons le temps d’observer, un pattern se dessine : les métiers ne disparaissent pas, ils se transforment. Les tisserands d’hier sont devenus les opérateurs de machines textiles d’aujourd’hui. Certes, cette transformation ne s’est pas faite sans heurts – il y a eu des résistances, des colères, ce qu’on a appelé le « luddisme », ces ouvriers qui brisaient les machines par désespoir. Mais le mouvement était inéluctable.

Cette leçon de l’histoire pourrait nous rassurer. Après tout, si l’humanité a survécu à la navette volante, aux machines à vapeur, aux chaînes de montage, pourquoi l’intelligence artificielle serait-elle différente ? Pourquoi ne pas simplement faire confiance à cette capacité d’adaptation qui nous a toujours portés ?

C’est là que le parallèle historique révèle ses limites. Car observer les échos du passé ne doit pas nous aveugler sur ce qui change vraiment.

Une révolution d’un genre nouveau

Pour la première fois dans notre histoire, nous ne transformons pas seulement notre rapport au travail, nous remettons en question notre façon même de penser. C’est la fabrique de l’esprit qui vacille, cette lente alchimie de la pensée humaine où le doute, l’effort, le temps et l’erreur construisent du sens. Car penser, ce n’est pas seulement traiter de l’information. C’est habiter une question, la porter en soi jusqu’à ce qu’elle devienne familière, puis étrangère à nouveau. C’est cette intimité avec l’incertitude que nous risquons de perdre.. La navette volante de John Kay, comme toutes les innovations qui ont suivi, mécanisait le geste, accélérait la production, mais préservait l’intelligence humaine. Un tisserand apprenait à utiliser une nouvelle machine, mais son jugement restait intact, sa capacité de réflexion préservée.

Avec l’IA, nous franchissons un seuil inédit. Pour la première fois dans l’histoire humaine, nous créons des outils qui donnent l’illusion de penser. Ces « machines à deviner la suite d’un mot », comme on pourrait les décrire, ne se contentent pas de nous assister dans nos tâches. Elles nous soulagent… de réfléchir.

Nous sommes fatigués. Trop sollicités. En permanence happés par des flux d’informations, des notifications, des décisions rapides à prendre. Alors, quand une machine propose une réponse rapide, claire, convaincante, nous nous en contentons. Nous respirons. Nous déléguons. Peu à peu, l’effort recule. Le doute devient inconfortable. Le questionnement superflu.

Quand les calculettes sont arrivées à l’école, nous avons effectivement perdu le goût du calcul mental. Mais en échange, nous avons appris à raisonner autrement, renforcé d’autres compétences : logique, abstraction, modélisation. Avec l’IA, le risque est d’un autre ordre. Ce n’est plus un calcul que nous déléguons, c’est une part de notre raisonnement. Ce n’est plus une opération que nous externalisons, c’est une question que nous cessons de nous poser.

Ce glissement intérieur a des conséquences bien réelles. Car lorsque nos intentions sont orientées, ce sont aussi nos choix professionnels, nos aspirations, nos imaginaires de travail qui se reconfigurent. L’intelligence artificielle ne modifie pas seulement notre façon de penser, elle redessine en profondeur les contours du monde du travail, ses hiérarchies, ses opportunités, ses fractures.

Certes, nous assistons probablement au même phénomène historique avec l’IA. Des professions qu’on n’imaginait pas il y a encore cinq ans font désormais vivre tout un écosystème de milliers de personnes. Mais attention à ne pas tomber dans l’optimisme béat.

Si chaque révolution technologique crée généralement plus d’emplois qu’elle n’en détruit, ce ne sont pas forcément les mêmes personnes ni les mêmes lieux qui en profitent. La mécanisation du textile a fait naître des ingénieurs mécaniciens, des contremaîtres spécialisés, des transporteurs pour acheminer la production vers des marchés plus lointains.

Et puis, si l’histoire se répète dans ses grandes lignes, elle ne se répète jamais exactement. La vitesse de transformation actuelle est sans précédent. Là où il fallait des décennies pour qu’une innovation se diffuse au XVIIIe siècle, il suffit aujourd’hui de quelques années, de quelques mois, voire de quelques semaines. Et à cela, nous ne sommes pas du tout préparés.

Mais surtout, nous devons nous interroger : ces nouveaux emplois préservent-ils notre capacité de pensée critique ? Ou participent-ils, malgré eux, à cette « fonte du savoir » où nous finissons par recycler des synthèses qui n’ont jamais été véritablement pensées ?

Nous voilà face au paradoxe de notre époque : nous choisissons librement les outils qui pourraient nous aliéner. Cette soumission consentie rend la résistance infiniment plus complexe qu’au temps des luddites.

Cette question du recyclage n’est pas anodine. Car quelque chose d’inédit se produit sous nos yeux : pour la première fois dans l’histoire, nos outils d’aide à la réflexion se nourrissent… de leurs propres productions. Les textes générés par l’IA servent à entraîner d’autres IA. Les images synthétiques alimentent de nouveaux modèles. Les analyses automatisées deviennent la matière première d’analyses encore plus automatisées.

Cette boucle, à première vue technique, cache un piège redoutable. Car que se passe-t-il quand une intelligence artificielle apprend en se regardant dans le miroir ?

L’illusion du vernis culturel qui rassure

Un phénomène inquiétant se développe en silence : nos outils d’aide à la pensée commencent à se nourrir… de leurs propres productions. Des textes générés par des IA servent à entraîner d’autres IA. Des images synthétiques alimentent de nouveaux modèles. Des synthèses automatisées deviennent la matière première de synthèses encore plus automatisées.

Ce recyclage circulaire, à première vue purement technique, cache un piège plus profond : une connaissance sans ancrage, un savoir sans pensée.

Ce phénomène mérite qu’on s’y arrête, car il révèle quelque chose d’inédit dans l’histoire des technologies. Jamais nos outils n’avaient eu cette capacité à se nourrir de leurs propres créations, à tourner en boucle sur eux-mêmes. Pour comprendre où cela nous mène, il faut chercher des exemples ailleurs, et c’est du côté du vivant que nous trouvons le parallèle le plus éclairant.

La biologie nous offre un parallèle troublant : l’autophagie. C’est ce processus par lequel une cellule recycle ses propres déchets pour survivre. Utile, dans certaines limites. Mais quand il s’emballe, la cellule se dévore elle-même. Ce n’est plus du nettoyage, c’est de l’autodestruction.

L’intelligence artificielle reproduit ce mouvement, à l’échelle de la culture : elle reformule des reformulations, recopie des copies, lisse chaque aspérité. À chaque cycle, elle gagne en apparente cohérence… et perd un peu plus de substance. Ce n’est plus du savoir qui circule, mais son double spectral. Une illusion de profondeur. Un simulacre de pensée.

Ce recyclage perpétuel pose une question vertigineuse : que devient la vérité dans un monde où seules circulent ses copies ? Nous assistons peut-être à la naissance d’une réalité inédite : celle d’un savoir sans origine, d’une culture orpheline de ses sources. Un monde où l’authentique et l’artificiel ne se distinguent plus, non pas parce que l’artificiel serait devenu parfait, mais parce que nous aurions oublié le goût de l’authentique.

Ce que nous appelons aujourd’hui “contenu” n’a souvent plus de source identifiable. Il a été produit par des machines, à partir d’autres productions de machines. Le doute s’efface. La complexité recule. Le sens s’épuise. Et avec lui, notre rapport au monde.

C’est ce que pressentait déjà Bernard Stiegler lorsqu’il écrivait : « Les prolétaires ne sont pas des gens nécessairement pauvres, ce sont des gens qui ne comprennent plus rien. »

Ce n’est plus la pauvreté matérielle qui menace, mais la perte de notre capacité à comprendre. Non pas parce que l’IA penserait à notre place, mais parce qu’en nous en dispensant, elle rend inutile l’effort de penser. Et cet effort-là, une fois perdu, est difficile à reconquérir.

Rester humain dans un monde amplifié par les machines

Il serait tentant de considérer les luddites comme des passéistes aveugles. C’est oublier qu’ils posaient des questions légitimes : qui profite de ces innovations ? Comment s’assurer que le progrès technique serve le bien commun et pas seulement quelques privilégiés ? Ces interrogations résonnent étrangement dans nos débats actuels sur la concentration du pouvoir entre les mains des géants de la tech.

Car l’histoire nous rappelle une vérité dérangeante : toutes les révolutions technologiques créent des gagnants et des perdants, et cette répartition suit rarement la logique du mérite. Les premiers propriétaires de machines textiles se sont enrichis considérablement, tandis que de nombreux artisans ont sombré dans la pauvreté.

Nous risquons de revivre le même scénario avec l’IA. Ceux qui maîtrisent ces outils et possèdent les capitaux nécessaires pour les déployer pourraient creuser l’écart avec ceux qui les subissent. D’où l’importance cruciale des choix politiques que nous faisons maintenant : formation, redistribution, régulation.

Ce qui me frappe le plus dans cette comparaison historique, c’est la capacité d’adaptation remarquable dont ont fait preuve nos prédécesseurs. En une ou deux générations, des sociétés entières ont basculé de l’agriculture à l’industrie. Des millions de personnes ont quitté leurs villages, appris de nouveaux métiers, adopté des rythmes de vie complètement différents. Certes, cela s’est fait dans la douleur, avec des coûts humains considérables que nous ne devons pas minimiser.

Mais je ne suis pas certain que nous ayons aujourd’hui la même capacité d’adaptation. D’abord parce que le rythme s’est considérablement accéléré – nos ancêtres avaient des décennies pour s’ajuster, nous n’avons que quelques années. Ensuite parce que notre société est devenue infiniment plus complexe et spécialisée. Un paysan du XVIIIe siècle pouvait relativement facilement devenir ouvrier ; peut-on imaginer qu’un comptable de cinquante ans se reconvertisse aussi aisément en « prompt engineer » ? Enfin, et c’est peut-être le plus troublant, nous avons perdu une partie de cette résilience collective qui permettait aux communautés d’affronter ensemble les bouleversements.

La révolution industrielle a fini par accoucher d’un nouveau contrat social : État-providence, droit du travail, éducation publique. Nous sommes probablement à l’aube de transformations comparables. Mais cette fois, le contrat à redéfinir n’est pas seulement social, il est anthropologique.

Car la vraie question n’est pas « Que peut faire l’IA ? » mais « Comment voulons-nous rester humains dans un monde amplifié par les machines ? » Le vrai danger n’est pas que l’IA pense à notre place, c’est que nous cessions de penser nous-mêmes.

Et si penser était notre dernier geste de liberté face à cette soumission si douce qu’on l’adopte sans s’en apercevoir ? Dans un monde qui propose toujours une réponse, choisir la question devient un acte de résistance contre notre propre complaisance.

Il ne s’agit pas de combattre l’IA, mais de refuser qu’elle prenne le centre. L’IA peut assister, révéler, simplifier. Mais elle ne saura jamais ce qu’un silence signifie, ce qu’un doute contient, ce que coûte un vrai choix.

Alors peut-être faut-il redonner au mot « intelligence » ce qu’il a de plus humain : la lenteur du discernement, le vertige du doute, la joie de comprendre.

Ne pas devenir la navette

John Kay avait fui l’Angleterre en 1753, caché dans un sac de laine, chassé par ceux-là mêmes que son invention allait enrichir quelques décennies plus tard. Aujourd’hui, aucun inventeur de l’IA ne fuit dans un sac. Au contraire, nous les applaudissons sur les scènes de conférences, nous précommandons leurs produits, nous intégrons leurs outils dans nos vies privées et professionnelles avec un empressement qui aurait sidéré les tisserands de Colchester.

Cette différence dit tout. Les tisserands voyaient venir le danger et s’y opposaient. Nous, nous l’invitons à dîner.

Mais peut-être pouvons-nous apprendre quelque chose de ces tisserands, non pas leur colère destructrice, mais leur lucidité. Ils avaient compris qu’une innovation technique n’est jamais neutre, qu’elle redistribue les cartes, qu’elle transforme non seulement le travail mais l’homme qui travaille.

Il y a une ironie profonde dans notre situation : nous qui avons inventé les machines pour nous libérer des contraintes, nous découvrons que la vraie liberté résidait peut-être dans ces contraintes mêmes. Dans l’effort de comprendre, dans la nécessité de choisir, dans l’obligation de douter. Sartre disait que nous sommes « condamnés à être libres ». Aujourd’hui, nous risquons d’être libérés… d’être libres.

Alors oui, il faudra du courage. Mais pas celui du héros ou du résistant. Le courage plus modeste du tisserand d’aujourd’hui qui, devant son métier automatisé, décide encore de comprendre comment fonctionne le point qu’il réalise. Le courage de l’enseignant qui, malgré l’IA qui corrige à sa place, continue de lire vraiment les copies de ses élèves. Le courage du médecin qui, face à l’algorithme de diagnostic, prend encore le temps d’écouter ce que dit le patient.

Car si nous ne voulons pas finir comme cette navette volante utile, efficace, mais privée de volonté propre, il nous faut préserver ce qui nous rend irremplaçables : non pas notre rapidité ou notre précision, mais notre capacité à douter, à nous tromper, à nous reprendre. À tisser du sens, pas seulement de la productivité.

Dans un monde où les machines apprennent à imiter l’intelligence, notre dernier privilège pourrait bien être de rester intelligemment humains.